eau


L’eau est la cause matérielle de toute chose

THALES, VIème siecle avant J.C

C’est l’eau qui mène la nature

Léonard de VINCI

 

 

Les merveilles de l’eau
Observer, s’émerveiller et accueillir la poésie issue du réel. L’eau résonne alors en nous de toutes ces vibrations.

Océan
L’océan au cœur ; l’océan dont nous avons besoin ; l’océan notre source primordiale ; l’océan le cœur de nos vies.

 

L'eau légère
Partout, même dans les airs. L’eau crée des peintures dans le ciel et nous invite à de merveilleux voyages imaginaires.

Eau, ressource précieuse
Sans eau, nous ne sommes rien. Une goutte d’eau est puissante. Prendre soin de l’eau est un acte beaucoup plus puissant.

 

 

 

L’eau multiple, entre art et science.

L’eau, encore et toujours, à jamais indispensable. De la molécule à l’océan, en passant par les nuages et les petits ruisseaux, du plus profond de nos cellules aux gouttes voyageuses, H2O notre compagne de vie ne cesse de nous intriguer. Elle émerveille mon regard de photographe et questionne ma curiosité de scientifique. L’art et la science ouvrent un dialogue où le respect de notre environnement, l’éducation au beau et aux mystères de ce qui est, y participent.
Je peins avec les yeux, mon atelier d’artiste est vaste, il est tout dehors. Je transforme et organise les éléments en considérant toujours la photo sous l’angle du détail et d’un visible au-delà du visible.
Chaque image révèle son potentiel local, sa force infime dévoilant un infini peu perceptible de prime abord ; un poème visuel se déroule, une pensée esthétique émerge. Chaque photographie voisine avec le mystère, honore notre capacité d’émerveillement, déniche le sublime dans les interstices du réel.
Je m’imprègne de cette eau vibrante, m’approche au plus près et restitue dans chacune de mes photos la résonnance particulière de cette expérience. Etre en éveil constant, atteindre un état affûté où se confondent l’insaisissable et le rêve pour accueillir le murmure d’une eau. Mon regard en accueil reçoit une part de beauté, une offrande que je n’ai d’autre choix de partager.
Ce qui est intéressant c’est la position du spectateur par rapport à la réalité ; c’est le regard qui modifie la réalité. C’est ce que la physique quantique découvre, il n’y a pas de stabilité dans le regard. La photographie permet une augmentation du réel et offre un prolongement dont le plaisir sensible et cérébral n’est nullement exclu. Le vif y réside et défie l’inerte; un sens nouveau y circule, propose une poétique de l’inépuisable et incite à un recommencement de ce que nous connaissions. Malgré le mutisme qu’elle réclame pour s’accomplir, la photographie se parle, s’écoute. Comme une harmonie captée par le regard. Elle se mue alors en évidence qui sécrète ses mystères, ses silences utiles. Il y a de l’invisible à l’oeuvre dans le visible.
L’eau oscille, la lumière vibre et les deux se concertent pour développer un phrasé inédit et désormais reconnaissable. Une invitation à une méditation heureuse, à une réconciliation de l’Homme avec lui-même puisque la Nature est en lui. Le réel est une matrice nourricière de notre imaginaire. Et de là, se lève un propos esthétique qui vise a une intemporalité. Le hors-temps se faufile alors entre les aiguilles de la montre. Se saisir de l’éphémère et en extraire quelque chose qui demeure. C’est la grâce d’une méditation de l’instant où le rêve ramifie la raison et accentue l’émotion. Comme pour réaffirmer la présence d’un secret qui n’est pas derrière les apparences mais bien mystérieusement lié à elles. Par ce voyage immobile, nous scellons quelque chose pour entrer dans la grande rythmique universelle. La pulsation du monde nous emplit d’un élan sacré au coeur. Sans doute un souffle vital.

L’eau devient lumière, petit travail humble d’une petite alchimiste où la transmutation de l’élément eau euphorise la volupté, confère un éclat qui nous invite à la plénitude. La création vient de plus loin que soi en offrant un trait d’union avec l’univers et éblouit en profondeur. Alchimie douce qui poétise le réel ; pointent alors un soupçon d’éternité, une évidence sans vérité figée, peut-être même le souffle de l’enfance.
Contempler, s’émerveiller est une façon de percevoir le monde tout en s’éveillant à d’autres réalités.
Il s’agit moins de modifier la réalité que de la ré-enchanter. Notre Nature nous fournit une envie supplémentaire de savoir accueillir et lire le beau. Il y a des merveilles tout autour de nous, de la douceur, de l’éclat.
L’émerveillement donne une dimension insaisissable et éminemment vivante du monde.
L’éloge de la magie du presque rien ouvre une porte sur l’éducation, amplifie l’importance du rôle de l’émotion dans la connaissance ; raisonner et ressentir. L’art et la science ont à conjuguer leurs points de vue. Voir autrement, adopter d’autres perspectives, titiller, aiguiser la curiosité et donc l’envie. Donner envie, avoir envie. L’enthousiasme de s’apercevoir tout doucement ou dans une fulgurance que ce n’est pas l’inattendu qui crée la surprise mais le fait que les choses soient ce qu’elles sont. Imperceptiblement, on passe de l’étonnement à l’émerveillement, c’est-à-dire à l’action de grâce pour la Vie.
La nature de l’eau porte ses mystères que la science éclaire petit à petit. Il est parfois délicat d’épouser ces nouveaux paradigmes et pourtant l’esprit scientifique, celui qui questionne le « pourquoi ? » et le « pourquoi pas ? » dévoile la puissance de l’eau. Et si les enfants apprenaient à questionner le monde par ces deux pourquoi, et si leurs regards devenaient plus amples ?
Voir autrement et ainsi penser autrement en intégrant divers aspects du réel. Est-ce une question de cadrage de la photographie célébrant l’eau? Oui, et plus encore. Aller au-delà de l’horizon donné pour découvrir qu’il y en a une multitude ; tout comme l’eau annonce ses couleurs, ses matières et ses enjeux d’ores et déjà présents dans une variété inépuisable. Nous sommes dépendants d’elle : elle fait germer, nourrit, abreuve, lave, dissout, apaise, nous constitue, nous fait vivre. Protéger l’environnement, prendre soin et respecter l’eau est une nécessité vitale. Et protéger se fait aussi avec le coeur battant. Plus nous aimons, plus notre conscience ouvre ses portes, plus la conscience de la beauté du vivant nous guidera à mieux protéger.
Empruntant les mots de François CHENG, entre « l’esprit qui raisonne et le coeur qui résonne », voici l’eau multiple.
Stéphanie REISS